QUATRIEME DE COUVERTURE
Juillet 1875. Semur, paisible ville fortifiée de la Haute-Bourgogn, est le théâtre d'étranges phénomènes. Un beau matin, ses habitants sont chassés par une force irrésisistible, et voient leur cité animée par des présences d'une effroyable familiarité: leurs chers disparus, qui reprennent droit à la vie tant les vivants leur en semblent indignes.
Date de parution: Avril 2011
Editeur: Rivière Blanche
Nombre de pages: 192
Prix France: 17 euros
MON AVIS
«Vive l'argent, criait Jacques, il n'y pas d'autres bon Dieu!»
Et une autre criait d'une voix perçante: «C'est plus qu'il n'en faut pour faire sortir les morts de leur tombe!»
Imaginez qu'un jour, des mots se mettent à clignoter sur les portes de la cathédrale de votre ville.
Imaginez que sous vos yeux, apparaisse, en lettres flamboyantes, un avis vous sommant de quitter les lieux, pour laisser la place à «ceux qui savent le vrai sens de la vie. Nous autres, LES MORTS».
Imaginez que le lendemain, vous vous réveillez dans une matinée ténébreuse, avec l'intime conviction qu'il vous faut partir, abandonner votre foyer et quitter la ville.
Imaginez que vos pieds vous portent jusqu'aux lourdes portes des remparts de la ville et que, dès lors que tous les habitants en ont franchi le seuil, celles-ci se referment lourdement sur vous.
C'est la mystérieuse expérience que vont vivre les citoyens de la ville de Semur.
Poussés hors les murs de leur cité, Martin Dupin, le Maire de la ville et certains de ces (proches) citoyens vont, tour à tour, faire le récit de leur mystique aventure.
Et ce sont des témoignages chargés d'intenses émotions que chacun d'entre eux nous offre.
Dans cette histoire, pas de héros bravant le danger pour briller par sa bravoure. Certes, le Maire de Semur, Monsieur Dupin, se distingue comme étant un meneur qui prend sa fonction administrative très à coeur et qui répond, quoiqu'il arrive, du sort de ses citoyens, mais il reste malgré tout un homme et, comme tous les autres témoins de cette épreuve, il laisse l'émoi de son coeur s'épancher dans un récit qu'il veut aussi sincère que précis.
L'atmosphère générale du livre est oppressante et mélancolique.
Les habitants de Semur sont tiraillés entre l'angoisse et le désarroi de se retrouver ainsi aux portes de leur ville et l'ardente envie de retrouver leurs bien-aimés disparus. Car tous le savent, tous le sentent, ce sont leurs défunts proches qui se sont emparés de leur ville.
Mrs Oliphant a rédigé cet ouvrage d'une main majestueuse et le plaisir de cette lecture est décuplé par la magie d'un ancien français, suave et poétique, disparu depuis des décennies.
Chaque récit est empreint de sentiments aussi soutenus que violents et on se retrouve balloté entre le questionnement constant, l'appréhension grandissante et l'abattement communautaire.
Un texte maîtrisé par une noble plume que je vous recommande de découvrir.
Moi en tout cas, je remercie sincèrement les éditions Rivière Blanche, pour cette première collaboration lecteur/éditeur qui m'a autant surpris que troublé.
Je n'aurais pu espérer meilleur roman pour commencer cette nouvelle aventure littéraire :)
Mon passage préféré:
«Mon coeur s'élançait comme un oiseau qui s'échappe de sa cage. Etourdi de joie et de crainte, de joie surtout, je tombai comme évanoui sur une chaise. Elle! c'était elle! Je l'appelai par son nom. Les vivants n'auraient pu m'entendre car le bonheur étranglait ma voix, mais il n'est pas besoin de paroles quand on se rencontre coeur à coeur. [...] Je m'agenouillai sur le plancher à la place que frôlaient ses pieds. Sa présence m'enveloppait tout entier. Je ne voyais pas ses yeux, je n'étreignais pas ses mains. A quoi bon? Elle était plus près de moi que jadis lorsque je la serrais dans mes bras»
1 commentaires:
c'est chouette que tu ais aimé ce livre. le thème ne me tente pas vraiment, mais je suis contente que ce premier part avec RB fut concluant !
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